Chenilles Autant le jardinier apprécie généralement les papillons, autant il frémit à la vue d'une chenille ! Apprenez à mieux connaître ces petites bêtes et découvrez comment sauver vos cultures... Qu'est-ce qu'une chenille ? Chenille de l'hépiale du houblon Certes moins attrayante que le papillon, la chenille en est pourtant le bébé, ou plus tôt la larve. En effet, de l'œuf à l'envol des merveilleux lépidoptères, se déroule tout un processus de transformations qui met l'individu dans tous ses états : œuf, chenille, chrysalide et enfin papillon. Sa morphologie est complexe : le corps mou, parfois recouvert de poils ou de bourrelets, est un ensemble de segments ponctués de stigmates (entrées du système respiratoire) et munis de vraies et fausses pattes, ces dernières se terminant par un crochet. Malgré ses multiples yeux, elle est presque aveugle. En revanche, ses deux mandibules extrêmement puissantes sont très efficaces et redoutées des jardiniers. C'est également sur la tête que se trouvent les deux glandes produisant la soie. Une herbivore vorace Chenille de la teigne du poireau La chenille est herbivore ; sortie de son œuf, sa seule obsession sera de se nourrir. La plante hôte se transforme alors en buffet de choix. Plus la chenille grossit, plus ses besoins alimentaires sont importants. Ce n'est que lorsqu'elle devient chrysalide qu'elle mettra fin à son festin ravageur. Chaque espèce de chenille a un met de prédilection ; ainsi dans le potager, on rencontre le plus souvent : • Les chenilles blanches d'hépiales qui s'attaquent aux racines des fraisiers, laitues, chicorées, pivoines, dahlias... • La teigne du poireau, toute petite chenille qui vient miner l'intérieur des poireaux, dès le début de l'été. Les extrémités des feuilles deviennent alors jaunes. • Les chenilles noctuelles, brunes, grises ou vertes, qui dévorent les feuilles des choux, tomates, poirées... • Les verts gris, qui sont des chenilles noctuelles mangeuses de collets de nombreux légumes comme les laitues et les chicorées • La chenille du carpocapse ; c'est le ver des pommes et des poires. Lutter contre la chenille Nid de chenille processionnaire du pin Si la vue d'un papillon nous émerveille toujours, celle d'une chenille dans le potager a tendance à réveiller chez le jardinier l'instinct du chasseur. Pour s'en débarrasser, l'agriculteur bio a la possibilité d'utiliser des produits à base de pyréthrine (substance extraite des fleurs de chrysanthèmes ou de pyrèthre de Dalmatie) ou de bacillus thuringiensis (bactérie mortelle pour les chenilles de lépidoptères). Il semblerait également que le genêt agisse comme un répulsif ; en plaçant quelques branches au milieu des choux, salades et autres poireaux, vous devriez observer la fuite de vos hôtes indésirables. En dernier recours, il reste la méthode la plus efficace, mais également la plus fastidieuse : la « récolte » à la main ; soyez attentif, bon nombre de chenilles se confondent avec les plantes qui les accueillent. Les prédateurs des chenilles Heureusement pour le jardinier, la nature est une alliée dans la régulation des populations de chenilles. Les basses températures hivernales sont fatales pour un grand nombre d'entre elles. Ensuite, la chenille doit affronter divers ennemis avant de pouvoir se transformer en papillon : oiseaux, araignées, rongeurs, couleuvres, hérissons... Il est donc très utile pour le jardinier d'avoir ces auxiliaires près du potager. Veillez à ce que des refuges naturels soient disponibles et le cas échéant, n'hésitez pas à leur installer des abris dans lesquels ils pourront s'installer et se reproduire. La chenille processionnaire du pin Une des plus connues et des plus dangereuses pour l'homme et l'animal est la chenille processionnaire. Elle vit en colonie dans des nids installés sur les pins dont elles mangent les aiguilles. A la fin de l'hiver, les chenilles processionnaires descendent des nids, en procession, pour s'enfouir dans le sol. Outre les dégâts causés sur les pins, elles sont capables de projeter des poils urticants pouvant entrainer des réactions allergiques parfois très graves. Attention à vos animaux domestiques qui pourraient être tentés d'en manger quelques-unes. autre article - Lutter contre la chenille de noctuelle La noctuelle, ou plutôt sa chenille, aussi appelée "ver gris", est un ravageur redouté du jardinier. Ce parasite se délecte en effet de nombreuses plantes, tant potagères qu'ornementales. Comment reconnaître une attaque de noctuelles, et quel traitement appliquer ? Savoir identifier les noctuelles Chenille de Agrotis ipsilon Les noctuelles forment une très vaste famille de lépidoptères (papillons) : celle des Noctuidae. On estime qu'il existe environ 25.000 espèces de noctuelles dans le monde, dont 750 en France métropolitaine ! Il s'agit essentiellement de papillons nocturnes ; leur couleur et leur aspect est assez variable, mais le plus souvent, les noctuelles sont d'assez grande taille (jusqu'à 4 ou 5 cm d'envergure) et leurs ailes sont plutôt ternes, dans des tons de brun, de beige et de noir. Les chenilles sont en général dodues, sans poils, de couleur grise ou brun clair, parfois verte, et assez grosses au dernier stade de leur développement (3 à 5 cm). Elles sont actives durant la nuit, tôt le matin et en début de soirée (aux heures fraîches) ; pendant la journée, elles se cachent dans la couche superficielle du sol ou au pied des végétaux, ou encore dans le coeur de la plante (noctuelle du chou). Quelles sont les périodes "à risque" ? Les premières attaques de chenilles sont généralement observées au printemps, parfois plus tard, jusqu'en juillet pour certaines espèces de noctuelles. Au moins deux générations de chenilles se succèdent souvent entre le printemps et l'automne, on peut donc observer plusieurs vagues d'attaques. La dernière génération d'automne effectue sa nymphose (=transformation en papillon) dans le sol, après y avoir passé tout l'hiver sous forme de cocon. Elle émerge au printemps suivant, et les femelles adultes, en pondant leurs oeufs, marquent le coup d'envoi d'une nouvelle "saison"... Dégâts occasionnés Agrotis ipsilon - Imago On distingue deux groupes de noctuelles : celles qui se nourrissent des feuilles, parfois aussi des fleurs et des fruits ( noctuelles défoliatrices) ; et celles qui vivent dans et sur le sol (noctuelles terricoles). Ces dernières peuvent causer d'importants dégâts, notamment au potager, car elles grignotent le collet des plantes, la base des jeunes tiges et les racines : les plantes atteintes se flétrissent et meurent. Les noctuelles défoliatrices, elles, perforent les feuilles : le feuillage endommagé semble avoir été attaqué par des escargots ou des limaces, à cette différence près qu'il n'y a nulle trace de mucus, et que des déjections noirâtres ou verdâtres sont retrouvées sur la plante parasitée. Les deux espèces terricoles les plus fréquentes au jardin sont Agrotis ipsilon (noctuelle ipsilon) et Agrotis segetum (noctuelle des moissons). Quelles plantes sont concernées ? Les noctuelles sont polyphages pour certaines espèces, c'est-à-dire qu'elles sont peu regardantes quant à la plante nourricière, d'autres sont au contraire inféodées à une plante en particulier. De très nombreux végétaux peuvent être touchés par les attaques de noctuelles : •Au potager, carottes, choux, épinards, tomates, salades, pommes de terre, oseille, radis, céleris, artichauts, fraisiers... •Au verger, certains arbres, notamment l'abricotier, peuvent être parasités, de même que la vigne; •Les plantes du jardin d'ornement ne sont pas épargnées : annuelles comme vivaces, elles peuvent subir les assauts de ces chenilles voraces, en particulier les pélargonium et les phlox. •Les arbres comme le frêne, le pin ou l'érable (pour ne citer qu'eux) sont également concernés. Comment lutter ? Prévention Le principe vaut pour le plupart des parasites et maladies, mais il est particulièrement vrai dans le cas de la noctuelle : mieux vaut prévenir que guérir. En effet, une fois que les chenilles sont installées dans le sol, il est bien difficile de s'en débarrasser. Quelques gestes préventifs : •Au printemps, vous pouvez poser un voile anti-insecte pour protéger vos cultures potagères. •Autre solution : effectuez des pulvérisations de décoction de pyrèthre (ou tanaisie) ou d'infusion d'absinthe, qui agissent comme répulsif et éloignent les papillons femelles à la recherche d'une plante hôte. •Enfin, si vos plantes ont été attaquées par des chenilles de noctuelles au cours de l'année, vous pouvez, durant l'hiver qui suit, réaliser des binages au pied des plantes, voire carrément retourner la terre (au potager par exemple) : cela permet de faire remonter à la surface les chenilles qui hibernent dans le sol, et donc de les exposer au gel et aux prédateurs (oiseaux). Actions curatives Si les noctuelles sont là, vous pouvez tenter une pulvérisation de solution insecticide à base de Bacillus thuringiensis sur les très jeunes chenilles (ce traitement biologique n'est guère efficace sur les chenilles de noctuelles déjà grosses), et le soir, c'est-à-dire quand les chenilles s'activent sur les plantes. La décoction de pyrèthre en pulvérisation peut également donner de bons résultats. Enfin, ces chenilles étant facilement repérables dans le sol (lorsqu'on les dérange, elles s'enroulent sur elles-mêmes, ce qui permet d'ailleurs de les différencier de larves de taupin), on peut les rechercher dans la terre, les ramasser et les détruire.