Des noix, des noisettes et des amandes contre le cholestérol. Une analyse de vingt-cinq études confirme les bienfaits des fruits à coques sur les lipides sanguins. Il est toujours hasardeux d'isoler un aliment pour le parer de telle ou telle vertu sanitaire, sachant que c'est bien sûr le régime global qui influence le taux de cholestérol. Ainsi, manger des fruits et des légumes, c'est bon pour la santé, sauf si l'on se gave par ailleurs de charcuterie, de fromages et de sucreries. Cette semaine, la très sérieuse revue américaine Archives of Internal Medicine publie les travaux de chercheurs qui ont passé en revue toutes les études évaluant les effets sur le cholestérol sanguin des fruits à coques (noix, noisettes, pistaches, amandes.). Ils en concluent qu'une consommation quotidienne moyenne de 67 grammes (une poignée) de ces fruits est associée à une réduction notable du taux de cholestérol, dans certaines conditions. La recommandation de manger des fruits à coques chaque jour ne vaut bien sûr que dans le cadre d'une alimentation équilibrée. Les nutritionnistes s'intéressent beaucoup à ces noix, noisettes et amandes depuis que des médecins ont observé qu'une consommation importante pouvait être associée à un moindre taux de lipides dans le sang et surtout de maladie cardiaque. Les fruits à coques sont en effet riches en acides gras insaturés, en fibres, en potassium, magnésium, vitamines, et autres composants antioxydants. Des études épidémiologiques ont montré que les personnes déclarant en manger quatre fois ou plus par semaine ont un risque réduit de 37% de maladie cardiaque. Pour démontrer vraiment l'impact des fruits à coques sur le coeur, encore faut-il disposer non pas seulement d'enquêtes rétrospectives, mais d'études prospectives basées sur des supplémentations alimentaires de fruits à coques. Plus de vingt-cinq essais dans sept pays ont été menés dans le monde au cours des dix dernières années, portant au total sur 583 hommes et femmes ne prenant pas de médicaments anticholestérol. Ces volontaires ont consommé en moyenne 67 grammes par jour d'amandes, de noix ou de noisettes pendant trois à huit semaines selon les études. Pour avoir des conclusions plus puissantes, les résultats de ces vingt-cinq études ont été «poolés» ensemble et analysés par des chercheurs en santé publique et de nutrition américains et espagnols. Les résultats globaux permettent de découvrir qu'une consommation quotidienne moyenne d'une poignée de fruits à coques réduit de 5, 1% le taux de cholestérol global et de 7,4% celui de mauvais cholestérol. De même, le taux de triglycérides sanguins (associés aussi à un risque cardiaque accru) est abaissé. L'effet semble augmenter avec la dose, les différents fruits à coques ayant des effets similaires. L'impact apparaît plus faible chez les personnes en surpoids. Et sans doute, enfin, faut-il éviter les fruits à coques salés (pour l'apéritif) ou sucrés (sous forme de pralines). Cette étude a été financée en partie par the International Tree Nut Council Nutrition Research and Education Foundation. Les aliments anticholestérol. On estime à 300 les facteurs de risque dans les maladies cardiovasculaires, parmi lesquels, et ce n'est pas le moindre, le mauvais cholestérol (LDL), qui se dépose sur les parois des artères, formant comme des couches de graisse, des athéromes. Mais une juste alimentation est parfois suffisante pour faire reculer le mauvais cholestérol sans toucher au bon (HDL), et sans avoir recours à des médicaments à vie. «Actuellement, les traitements sont si efficaces qu'ils font tout le travail d'épuration que ne fait plus le foie. Un patient traité peut manger normalement, sans excès bien sûr, estime le Dr Pellae. Et il est bon de savoir qu'à partir de 70 ans, le risque d'infarctus est plutôt derrière soi. Le vrai danger, à un certain âge, relève plus du domaine de la dénutrition.» À PRIVILÉGIER : Les antioxydants protecteurs - vitamines C, E, bêtacarotène - et les polyphénols, que l'on trouve, pour l'essentiel, dans les fruits et légumes frais. Les acides gras insaturés, qui font baisser le mauvais cholestérol sans affecter le bon : huiles végétales comme le colza (riches en oméga 3), et leurs dérivés en margarines ; les fruits secs oléagineux ; les poissons gras des mers froides (eux aussi chargés d'oméga 3). Les stanols végétaux (ou phytostérols et phytostanols), que l'on trouve dans certains produits laitiers, des yaourts notamment (type Danacol), à consommer deux fois par jour. Les stanols tapissent la paroi digestive et piègent le cholestérol, qui passe alors dans les selles et non le sang. Trois ou quatre produits laitiers sont d'ailleurs recommandés passé la cinquantaine (fromage blanc, yaourt...). La viande, pour son apport en zinc. Un verre de vin par jour, le tanin développant le bon cholestérol. À LIMITER OU ÉVITER : Les acides gras saturés, le beurre, les aliments d'origine animale (certains morceaux de viande, oeufs, fromages trop gras ou lait entier), les pâtisseries et viennoiseries, responsables d'une hausse du mauvais cholestérol. Se limiter, par exemple, à une portion de fromage 50 % par jour, soit l'équivalent d'un huitième de camembert, et à deux ou trois oeufs par semaine, préparations culinaires comprises. Devons-nous tous prendre des médicaments anti-cholestérol? Aux États-Unis, ces médicaments anticholestérol sont désormais autorisés pour un nombre croissant de personnes sans hypercholestérolémie. Pour un coût non négligeable. Mangez sainement, pratiquez une activité physique et. prenez bien votre statine. Tel sera peut-être un jour le message officiel de santé publique pour prévenir infarctus, attaques cérébrales et autres accidents cardio-vasculaires. De fait, les statines ne sont plus seulement des traitements anticholestérol. Au fil des années, ces médicaments s'affirment de plus en plus comme un moyen de prévention cardio-vasculaire, y compris désormais chez des personnes avec un taux de cholestérol normal. Aux États-Unis, en début de semaine, l'agence fédérale des médicaments (Food and Drug Administration) a ainsi étendu les indications du Crestor, une statine commercialisée par AstraZeneca. Ce médicament pourra être prescrit à titre préventif à des individus sans maladie cardio-vasculaire apparente ni taux élevé de LDL cholestérol, mais considérés comme à risque cardio-vasculaire. Pour attester de cet excès de risque, trois paramètres ont été retenus : l'âge (50 ans et plus chez les hommes, 60 chez les femmes) ; le taux élevé d'un marqueur du risque cardiaque, la CRP ultrasensible, dans le sang ; et la présence d'un autre facteur de risque cardio-vasculaire, comme l'hypertension, le tabagisme ou des antécédents familiaux de maladies cardiaques. Ces critères correspondent en bonne partie à ceux utilisés dans une vaste étude (appelée Jupiter) publiée fin 2008, dans laquelle le Crestor avait réduit de 44 % les accidents cardio-vasculaires et de 20 % la mortalité par rapport au placebo. Cette extension d'indication (dont d'autres fabricants de statines pourraient indirectement bénéficier) est loin d'être anecdotique. Aux États-Unis, la population ainsi éligible à ces traitements pourrait représenter 16-17 millions de personnes, estime un expert cité par le site theheart.org. Avec potentiellement un bénéfice de plusieurs milliards pour AstraZeneca, fabricant du Crestor. Selon le Wall Street Journal, le chiffre d'affaires généré par ce médicament vedette, 4,5 milliards de dollars l'an dernier, pourrait bondir à 7,9 milliards en 2012. Et le phénomène pourrait bien gagner l'Europe dans les prochains mois. AstraZeneca a aussi déposé une demande d'extension des indications de sa statine à l'Agence européenne du médicament. Effet bénéfique. Principale différence avec les États-Unis : la population cible serait définie par l'âge et la présence de deux facteurs de risque vasculaires, mais pas par le taux de CRP ultrasensible. De fait, «la CRP ultrasensible est un marqueur sophistiqué du risque cardio-vasculaire, mais elle est peu utilisée en pratique courante», souligne le Pr Éric Bruckert (responsable de l'unité de prévention des maladies cardio-vasculaires à la Pitié-Salpêtrière, Paris). Actuellement, en France, environ cinq millions d'individus seraient traités par statines. Les recommandations officielles, qui datent de 2005, sont extrêmement précises, mais bien trop complexes, voire illisibles, estiment les praticiens. Elles sont en tout cas mal suivies. Sur le plan économique, la classe des statines «constitue un des principaux postes de dépenses de médicaments remboursables par l'Assurance-maladie depuis le début des années 2000», note un récent rapport de la Haute Autorité de santé (HAS). Au total, leur chiffre d'affaires était de 1,4 milliard d'euros en 2008. La France est le pays d'Europe où les prix de ces médicaments restent les plus élevés. Pour la HAS, leurs bénéfices ne font toutefois aucun doute : «Les traitements par statines diminuent le risque de mortalité toutes causes de 10 %. Il n'existe pas de différence significative entre les statines sur ce critère.» En outre, ils diminuent de 15 à 23 % la survenue d'événements cardio-vasculaires. Parallèlement, les données de pharmacovigilance sont plutôt rassurantes sur leur tolérance. Il y a quelques années, le Pr Joël Ménard, spécialiste de santé publique, avait lancé un pavé dans la mare en proposant dans un rapport de mettre les statines en vente libre, un peu sur le modèle britannique, avec l'idée d'une utilisation large au-delà d'un certain âge. Aujourd'hui, la HAS conclut qu'il faudrait estimer le risque cardio-vasculaire à partir duquel un traitement par statines devrait être instauré et appelle à une mise à jour des recommandations de prescription. Selon le Pr Bruckert, le principal frein à une prescription élargie est celui du coût. Un argument à mettre en balance avec le prix des vies potentiellement sauvées. Il ne faut pas oublier non plus que des changements de mode de vie, exercice physique et alimentation, peuvent aussi contribuer à réduire la mortalité cardio-vasculaire. Et là à un moindre coût pour la société. Mauvaises graisses : rôle établi dans les maladies cardiaques. Les acides gras trans seraient plus toxiques que les graisses saturées d'origine animale. Infarctus, cancers, surpoids. Depuis quelques années, de nombreuses études pointent les risques des acides gras trans (AGT) pour la santé. Encore faut-il ne pas mettre tous ces composés dans le même panier, préviennent les spécialistes. Les effets délétères sont surtout établis pour les AGT artificiels, transformés par l'industrie agroalimentaire. Les scientifiques ont commencé à avoir des soupçons sur le rôle des AGT industriels dans les maladies cardiaques, notamment les infarctus, au début des années 1990. C'est une étude d'intervention, comparant les effets de différents lipides chez l'homme, qui a mis le feu aux poudres, selon Jean-Michel Chardigny, chercheur à l'Inra (Clermont-Ferrand). «Elle a montré que les AGT augmentaient le LDL cholestérol (mauvais cholestérol, NDLR) tout comme les acides gras saturés, mais qu'en plus ils diminuaient le HDL cholestérol (bon cholestérol, NDLR) » précise-t-il. En clair, les acides gras trans s'avéreraient potentiellement plus toxiques pour les artères que les acides gras saturés (présents surtout dans les graisses animales). En 1993, la publication des premiers résultats de la Nurses Health Study (une cohorte de plus de 85 000 infirmières américaines suivies depuis une dizaine d'années) a confirmé les craintes. Les infirmières consommant le plus d'AGT souffraient 1,5 fois plus de maladies coronariennes que celles en mangeant le moins. Depuis, moult études sont arrivées aux mêmes conclusions et le rôle athérogène des AGT industriels ne fait plus aucun doute. Obésité et diabète. Dans le domaine des cancers, où les travaux ont débuté plus tard, la responsabilité de ces mauvaises graisses n'est pas encore complètement claire. «Les éléments de présomption sont très forts pour les tumeurs du sein et du colon, mais il n'y a pas encore de preuve formelle», estime le Pr Philippe Bougnoux, chercheur à l'Inserm et cancérologue au CHU de Tours. Selon ce spécialiste, les données actuelles devraient cependant suffire pour plaider la suppression des AGT industriels dans l'alimentation. D'autant que ceux-ci sont aussi incriminés - là encore sans certitude, dans de nombreuses autres pathologies : obésité, diabète, anomalies neurologiques. La situation est très différente pour les acides gras trans d'origine naturelle. Produits dans la panse des ruminants, ces composés sont consommés essentiellement dans les produits laitiers, et à plus faible dose dans les viandes de ruminants. «Ils ne diminuent pas le HDL cholestérol, et ne sont pas associés à un risque cardio-vasculaire, affirme Jean-Michel Chardigny. Nettement moins étudiés que les AGT industriels, les AGT naturels ont peut-être même des effets bénéfiques sur l'organisme.» Qui restent cependant à prouver. «Nous avons pu montrer un effet anticancéreux chez des animaux, mais il n'a pas été retrouvé chez l'humain, sans doute parce que les doses ingérées sont trop faibles », explique le Pr Bougnoux. Les acides gras trans naturels auraient aussi un rôle protecteur vis-à-vis de l'obésité, à condition d'être consommés très tôt dans la vie. À partir de quel âge faut-il faire doser son cholestérol ? Professeur Jean Ferrières, cardiologue à Toulouse. La réponse du Professeur Jean Ferrières, cardiologue à Toulouse. C'est à la fin du XIXe siècle que des assureurs américains ont inventé la médecine prédictive. En compilant les données de leurs assurés, les épidémiologistes et les statisticiens de ces grandes compagnies d'assurances ont établi des modèles de prédiction du décès. Ces modèles de prédiction se sont rapidement affinés pour être appliqués à la maladie cardiovasculaire. C'est ainsi que la notion de facteur de risque de la maladie cardiovasculaire a été créée. En France comme ailleurs, ce sont quatre facteurs de risque principaux qui expliquent plus de trois quarts des événements coronaires aigus; il s'agit du tabac, des dyslipidémies, de l'hypertension artérielle et du diabète. L'hypercholestérolémie est fréquente puisqu'environ trois quarts des patients hospitalisés pour syndrome coronaire aigu en France présentent une élévation de leur mauvais cholestérol. Deux situations de dépistage. Le problème du dépistage des facteurs de risque de la maladie cardiovasculaire est ancien et doit normalement s'appliquer à l'ensemble des facteurs de risque qui ont un lien de causalité avec l'athérosclérose vasculaire. Le dosage du cholestérol et de ses fractions est basé sur une technique biologique simple à réaliser sur un échantillon de sang prélevé à jeun. Deux grandes situations de dépistage du cholestérol sont pratiquées en France. D'une part, le médecin peut être confronté à une maladie autosomique dominante, l'hypercholestérolémie familiale hétérozygote. Cette anomalie biologique lipidique est présente chez une naissance sur 500 en France. L'élévation du cholestérol est présente dès la naissance et les valeurs de cholestérolémie s'élèvent progressivement avec l'âge des patients. Il s'agit d'une maladie génétique agressive pour les artères et son traitement hygiéno-diététique et/ou médicamenteux doit débuter le plus tôt possible. Par conséquent, dans l'hypercholestérolémie familiale, le dosage doit être réalisé le plus tôt possible chez l'enfant, dès qu'une occasion se présente pour réaliser une prise de sang. Le repérage de ces jeunes patients en population générale est facile puisqu'il s'agit de familles ayant présenté des accidents cardiovasculaires précoces et ayant des élévations importantes du cholestérol plasmatique. Des valeurs de cholestérol total supérieures à 1,80 g/l chez l'enfant de 10 ans sont considérées comme pathologiques. Chez ces familles, le dosage du cholestérol sera très régulier et la surveillance sera attentive à la recherche d'une aggravation des valeurs et de localisations de la maladie cardiovasculaire. Comme pour les autres facteurs de risque, la détermination du cholestérol chez l'adulte fait partie des bases de la prévention cardiovasculaire. Tout adulte de plus de 18 ans doit bénéficier à un moment donné d'un bilan biologique lipidique complet. Cette prise de sang comportera le mauvais cholestérol, le bon cholestérol et les triglycérides. Ce dosage sera répété tous les cinq ans en l'absence d'une anomalie ou plus rapidement si d'autres facteurs de risque apparaissent ou si une maladie intercurrente vient compliquer la prise en charge. Des valeurs de cholestérol total supérieures à 2,20 g/l chez l'adulte imposent une surveillance régulière auprès du médecin traitant. Chez le patient ayant présenté un épisode cardiovasculaire, c'est souvent au cours de l'hospitalisation que le diagnostic d'hypercholestérolémie est posé. Il s'agit là d'une situation très dommageable pour le pronostic puisque le traitement de l'hypercholestérolémie quelques années plus tôt aurait peut-être permis d'éviter cet événement vasculaire aigu. Les patients français ont la chance d'avoir un accès relativement aisé aux médecins traitants et aux services de prévention dans le cadre de la médecine du travail ou de campagnes de dépistage grand public. L'accident cardiovasculaire n'est pas une fatalité et l'ensemble des intervenants médicaux et paramédicaux sont au service des citoyens pour prévenir, dépister et traiter les facteurs de risque afin d'éviter le maximum d'événements cardiovasculaires. source: le figaro.fr.