Les plantes amies du coeur Si la phytothérapie n'intervient qu'en complément de la consultation cardiologique, elle a néanmoins toute sa place pour prévenir ou réguler les troubles occasionnels. "Les troubles cardiaques constituent un parfait exemple de ce que peut offrir la phytothérapie, explique Jacques Fleurentin, pharmacien, ethnopharmacologue et président de la Société française d'ethnopharmacologie. Les deux plantes phares de l'insuffisance cardiaque sont en effet la digitale, une plante extrêmement toxique sous sa forme naturelle, et l'aubépine, qui est au contraire dénuée de toute toxicité et issue des traditions populaires. La première est utilisée uniquement sous forme de médicament prescrit tandis que la seconde peut être donnée tout simplement en tisanes." Poison et remède L'insuffisance cardiaque est une faiblesse du coeur qui ne parvient pas à pomper convenablement le sang, ce qui entraîne une baisse de pression et une rétention d'eau (oedèmes). Pour soigner cette insuffisance, la digitaline est une des molécules phares. Elle est issue des feuilles de la ténébreuse digitale pourpre (Digitalis purpurea), une des plantes les plus toxiques, capable de provoquer rapidement un arrêt cardiaque. Une guérisseuse anglaise avait pourtant remarqué que, utilisée à de très faibles doses en tisane, elle semblait réduire les oedèmes. Des propriétés qui furent ensuite reprises par un médecin, puis par des laboratoires. En effet, à des doses infimes - 0,15 mg par adulte, soit à peine la pointe d'un couteau -, cette belle vénéneuse s'avère un parfait stimulant du muscle cardiaque. Elle n'est disponible que sous forme de médicament et sous ordonnance. Ne vous avisez pas de la cueillir ou de la goûter (elle pourrait être confondue avec les feuilles de consoude, une plante sauvage délicieuse et comestible) ! Bien qu'il existe d'autres médicaments utiles pour traiter l'insuffisance cardiaque, la digitaline continue à être une référence depuis deux siècles. Douce aubépine À mille lieues de la dangereuse digitale, l'aubépine (Crataegus laevigata) est, elle, un bel exemple de plante traditionnelle populaire non toxique. La légende dit qu'elle faisait partie des vingt plantes sacrées des Celtes. Si ses baies sont comestibles, on utilise essentiellement ses fleurs en phytothérapie. Connue pour son action sur les problèmes de sommeil et de nervosité, c'est surtout une plante cardio-régulatrice majeure. Des propriétés découvertes tardivement au XIXe siècle par des médecins européens et américains. Aujourd'hui, plusieurs études ont permis d'observer ses effets sur la sphère cardio-vasculaire : augmentation du débit sanguin des coronaires, amélioration des contractions du muscle cardiaque, réduction de la tension artérielle, modulation du rythme cardiaque... Autant de propriétés qui en font un bon complément des traitements conventionnels : insuffisance cardiaque modérée, hypertension et angine de poitrine. Si elle ne dispense absolument pas d'une consultation en cas de troubles cardiaques, l'aubépine est tout à fait adaptée aux personnes âgées au coeur fatigué, sans maladie cardiaque spécifique. Cela d'autant qu'elle n'a pas de contre-indications connues ni d'interactions avec d'autres médicaments. En Allemagne, elle est souvent prescrite en accompagnement des traitements pour le coeur. Sous forme d'infusion, on prend généralement une ou deux cuillers à café de fleurs sèches par tasse, deux à trois fois par jour (infusion de 10 à 15 minutes). Agripaume et cornouiller Parallèlement à ces deux plantes majeures, d'autres substances végétales sont parfois évoquées comme l'agripaume (Leonurus cardiaca) en complément de l'aubépine. Cette jolie fleur rose est notamment active en cas de tachycardie sous forme de teinture mère (demandez conseil à votre pharmacien). Le macérat glycériné de cornouiller sanguin (Cornus sanguinea) est un grand classique de la gemmothérapie (soin par les bourgeons et jeunes pousses d'arbre). Ses feuilles rouge sang à la fin de l'été rappellent son action sur la sphère cardiaque. Ce serait un grand remède pour la prévention des thromboses et de l'infarctus. Enfin, c'est bien sûr tout un mode de vie sain qu'il s'agit de privilégier pour un coeur en bonne santé : activité physique régulière et alimentation saine et équilibrée pour limiter l'hypertension et l'excès de cholestérol. Les plantes à elles seules ne pourront se substituer ni à une bonne hygiène de vie ni à des traitements indispensables ! source: le point