Campagnol terrestre ou campagnol des champs ? Les campagnols sont de petits rongeurs herbivores gloutons. En France, on distingue deux types de campagnols : •Le campagnol des champs (Microtus arvalis), d'une dizaine de centimètres, se nourrit de pousses d'herbes, de luzernes et de céréales, de graines, de racines et de bulbes... en quantité journalière importante : 2 fois son poids par jour ; •Le campagnol terrestre (Arvicola terrestris), plus gros (12 à 22 cm), est le plus redouté. Très présent dans l'est de la France et en régions montagneuses, il avale, tous les jours, l'équivalent de son poids en racines. C'est le fameux rat taupier ! Reconnaître une attaque de campagnols : les signes Des feuilles de blettes ou de courgettes molles, couchées au sol, des poireaux semblant avoir été aspirés par le sol ou l'absence de feuillage dans les rangs de pommes de terre sont autant de signes annonçant la présence des campagnols. Même les racines des arbres fruitiers sont à leur goût ! Et si vous y regardez de plus près, vous découvrirez, sous les restes de légumes, un petit tunnel ! En effet, les campagnols se déplacent sous terre en creusant un réseau de galeries complexes plus ou moins profondes. Le jardinier s'en rend compte lorsque son pied s'enfonce dans l'une d'elles ! Les galeries des campagnols des champs sont parfois à ciel ouvert. Quant à celles des campagnols terrestres, on peut les deviner grâce à la présence de monticules de terre à leur entrée, assez semblables à des taupinières. Il n'est d'ailleurs pas toujours facile de distinguer les galeries des taupes et celles des campagnols. Le monticule fait par un campagnol est moins régulier qu'une taupinière, qui est plutôt conique. La galerie d'une taupe part du milieu de la taupinière et descend à la verticale, tandis que celle d'un campagnol part de biais, puis continue à l'horizontale. Mais le travail d'observation peut devenir très compliqué, lorsque les rats taupiers empruntent les galeries des taupes ! Comment lutter contre les campagnols ? Sachant qu'un campagnol atteint sa maturité sexuelle à l'âge de 2 mois, qu'une portée peut compter 2 à 8 petits et qu'il peut y avoir 5 à 6 portées par an, on comprend aisément l'importance d'intervenir rapidement contre ces rongeurs. Peut-on mettre en place des mesures préventives ? Il existe des facteurs favorables à l'installation des campagnols. Le premier est l’absence d'arbres ou de haies. En effet, sans ces derniers, les prédateurs naturels des campagnols ne peuvent s'approcher de leurs proies. Il faut savoir que les campagnols ne circulent pas seulement sous terre, et c'est bien sur terre que leurs ennemis se trouvent. Parmi les prédateurs, on compte les rapaces (buses, hiboux, chouettes...), les pies, les corbeaux, les renards, les chats (domestiques et sauvages), les belettes, les fouines et les hermines (des spécialistes !) et même les hérissons ! Implanter une haie, former un tas de pierres (belettes, fouines), installer des perchoirs et des nichoirs à rapaces en bordure de la zone infestée ou accueillir un chat sont donc les premières actions à mener. Un deuxième facteur très favorable aux campagnols est la présence d'une couverture végétale sur le sol, comme un paillis ou des touffes herbeuses denses et hautes, surtout en hiver. Cela gêne la vision des rapaces, favorise les déplacements aériens des campagnols et leur offre un abri chaleureux ! S'il est facile de contenir le développement de l'herbe dans son jardin, faire le choix entre paillis et rat taupier est un vrai dilemme pour le jardinier bio. Et si, en plus, le potager voisine avec des prairies enherbées, le problème se corse. Passer à l'offensive : la guerre des tranchées L'arrivée de prédateurs peut mettre un certain temps. Et en attendant une régulation naturelle des populations, il est nécessaire d'entamer des actions plus physiques. Une des actions consiste à déranger, le plus possible, le campagnol dans ses déplacements, pour l'amener à déménager plus loin. Pour cela, il faut détruire les galeries. Si le jardinier classique retourne une à deux fois par an la terre de son potager, le jardinier bio s'en abstient, pour le plus grand bonheur des campagnols. Dès qu'une galerie est repérée, détruisez-là à l'aide d'une grelinette ou d'une fourche-bêche. Si l'opération est délicate au milieu des cultures, faites-le systématiquement dans les allées et autour du potager. Entamez, également, une chasse aux taupes. Rappelez-vous que les galeries de ces dernières facilitent grandement le déplacement des campagnols. Ce travail est fastidieux, mais tout ce qui gêne le quotidien du ravageur contribue à son élimination. Les pièges Une méthode, plus radicale, consiste à poser des pièges. Il en existe différents modèles. Les plus connus sont les pièges à pinces et les pièges à guillotine. Les premiers sont les moins chers, mais demandent à être posés avec minutie pour être efficaces (ouverture de la galerie à l'aide d'une bêche, pose du piège et rebouchage méticuleux). Mais pour que le piégeage ait de réels effets sur la population en place, il faut poser plus d'un piège et effectuer plusieurs relevés par jour (4 relevés sont conseillés). Les pièges pyrotechniques (pétards) sont également efficaces pour se débarrasser des campagnols. Faciles à poser, ils sont cependant très onéreux et il est donc difficile d'envisager la lutte par ce moyen lorsque les rongeurs sont nombreux. Conseil Pour un piégeage efficace, il faut repérer une galerie récente. Les plus anciennes sont moins, voire plus du tout fréquentées. Solutions de jardiniers désespérés •Les plantes « répulsives » : euphorbe épurge, fritillaire impériale, incarvillée, mélilot, rue... Plantées autour du jardin, elles tiendraient les campagnols éloignés. La menthe est parfois citée, mais j'ai pu constater une jolie galerie passant sous un beau bouquet de menthe ! •Les purins de plantes : sureau, euphorbe épurge. L'odeur nauséabonde les indisposerait... mais pour combien de temps ? •Le tourteau de ricin : ce dernier semblerait efficace, mais est très toxique (homme et animaux de compagnie) et sa manipulation demande de grandes précautions. •Le poison : solution peu écologique, le poison, s'il n'est tout simplement délaissé, a tendance à être emmené et stocké pour plus tard, en attendant les moments de disette (lorsque le jardin est vide). Si, toutefois, vous ouvrez une galerie pour placer le poison, pensez à bien reboucher celle-ci car, le campagnol s'en chargera et vous retrouverez le poison refoulé à la surface ! Quelles que soient les actions entreprises, pour limiter la prolifération des campagnols, il faudra y consacrer du temps et agir sur plusieurs fronts ! Pour se donner du courage, voici une statistique à retenir : les populations de campagnols suivent un cycle (de 5 à 6 ans pour le rat taupier). Elles atteignent petit à petit un pic démographique avant de s’effondrer... pour remonter, ensuite, progressivement.