Elaboration d'une machine moléculaire capable d'identifier et d'éliminer les cellules cancéreuses Les systèmes d'ingénierie biologiques intégrant à la fois des senseurs multiples, un traitement de l'information sophistiqué et une mise en action précisément régulée dans des cellules vivantes, vont connaître très prochainement des développements et des applications variées. Ainsi, Yaakov Benenson, professeur de biologie synthétique à l'Ecole Polytechnique Fédérale de Zurich (ETH) de Zurich, et Ron Weiss professeur au MIT (Etats Unis), ont relevé le défi de construire une machine moléculaire capable d'identifier les cellules malignes et de les détruire. Leurs travaux, publiés dans Science, portent sur les cellules HeLa à l'origine d'un cancer du col de l'utérus. Dans un premier temps les chercheurs ont déterminé une signature typique pour le cancer. Ils ont ainsi identifié une combinaison de cinq micro-ARN qui lorsqu'ils sont présents de façon concomitante indiquent de manière univoque que la cellule est cancéreuse. Dans un deuxième temps, ils ont composé de toutes pièces une machine moléculaire apte à détecter la présence de ces micro-ARN dans la cellule vivante et à effectuer les opérations logiques, utilisant l'algèbre de Boole, nécessaires pour confirmer que les cinq marqueurs sont présents de façon simultanée. Ensuite, le circuit logique est capable de provoquer l'autodestruction de la cellule en activant le gène Bax. Pour l'heure, les expériences réalisées en cultures cellulaires ont permis de reconnaître et détruire spécifiquement les cellules HeLa tout en laissant intactes les lignées de cellules non tumorales. Il convient désormais de tester ce procédé chez l'animal puis chez l'humain. Quelques questions restent en effet en suspens. Il s'agit d'une part d'observer la réaction du système immunitaire face à cette machine biologique qui n'est autre qu'un corps étranger. D'autre part, il faut déterminer un moyen de convoyer ces bio-ordinateurs jusqu'aux cellules cibles. Enfin les chercheurs s'interrogent sur le devenir de ces machines dans le corps humain une fois leurs tâches accomplies. source: buletin électronique suisse