le sable, une ressource en péril On a peu conscience de l'importance du sable dans notre économie et notre vie quotidienne. Pourtant, cette ressource qui paraît inépuisable est limitée, et même menacée, et elle fait l'objet de véritables trafics : voici pourquoi. Le sable, matériau essentiel dans notre vie quotidienne Savez-vous que le sable intervient environ 200 fois par jour dans notre vie ? Routes, bâtiments, verre, pneus, papier, dentifrice, microprocesseurs, peinture, certains plastiques, épuration de l'eau, fonderie... nombreux sont les secteurs d'activité et les produits d'utilisation courante qui mettent en oeuvre le sable, sous forme brute ou sous forme de dioxyde de silicium (dérivé du sable). Rien que pour fabriquer du béton, il faut 2/3 de sable et 1/3 de ciment : nos besoins en sable n'ont pas fini de croître, avec la population qui augmente et l'urbanisation qui se développe. On comprend ainsi mieux pourquoi, après l'air et l'eau, le sable est la 3e ressource naturelle la plus utilisée au monde. Sable fin, ou sable grossier Le "sable" dont il est question ici n'est pas forcément fin : on parle plus largement, notamment dans le secteur du bâtiment, de "granulat" ou "d'agrégat" : fragments de roche (naturels ou artificiels) de moins de 125 mm. On qualifie de "sable" les granulats dont les fragments n'excèdent pas 4 mm dans leur plus grande dimension, de "gravillon" entre 4 et 12 mm, et de "grave" au-delà. Une ressource épuisable dont l'exploitation est lourde de conséquences Quand on parle de sable, on pense aux plages, mais aussi à l'immensité des déserts : la pénurie de sable semble fort improbable. Et pourtant, le sable pourrait bien venir à manquer ! Celui des déserts est inutilisable pour la plupart des secteurs d'activité : ses grains sont trop fins, trop ronds, trop lisses (car polis par le vent) pour s'agréger correctement. Reste donc, pour le sable terrestre, le sable des carrières et celui du lit des rivières : or, le premier a déjà été beaucoup exploité, et l'extraction du second a trop d'impacts sur l'environnement et le réseau hydrologique (destruction des milieux naturels, érosion, crues...). On se tourne donc vers le sable marin, qui, même s'il doit être dessalé avant d'être utilisé, est très convoité. On prélève donc celui des plages, là où celles-ci ne sont pas protégées par des lois (dans certains pays, comme le Maroc, des plages entières disparaissent à cause des prélèvements de sable), ou extrait le sable un peu plus loin en mer, de plus en plus profond. Or, lorsque l'on creuse les fonds marins, non seulement on anéantit la faune et la flore, mais de surcroît, si l'on intervient près des côtes, on bouleverse les courants marins locaux et on provoque à la fois une salinisation des estuaires et une infiltration de l'eau de mer dans les nappes phréatiques, ce qui entraîne une disparition des terres arables dans ces zones. En outre -et c'est là le phénomène le plus visible-, on déclenche une érosion des littoraux, comme si la mer travaillait à reboucher les gigantesques trous sous-marins en grignotant les côtes : c’est le sable des plages, des dunes et des îles voisines qui est ainsi englouti. On estime que 75 à 90 % des plages du monde reculent, à un rythme qui s’accélère. Des îles entières disparaissent même à certains endroits. Un pillage organisé au niveau mondial Les besoins en sable sont si importants (15 milliards de tonnes de sable sont extraites chaque année), que pour alimenter le marché, de véritables trafics se sont mis en place, et ceci sur tous les continents. Dans les pays où la préservation de l'environnement est loin d'être une priorité, les pillages anarchiques et illégaux sont particulièrement lourds, sur les plages (on fait souvent travailler des femmes, des enfants, dans des conditions intolérables), mais aussi plus loin en mer, grâce à des installations qui extraient le sable à grande échelle. Et même dans les pays où une législation visant à préserver l'environnement est en vigueur, comme en France, les projets de prélèvements ne font l'objet que d'une étude d'impact environnemental et faunistique, mais les conséquences possibles en terme d'érosion des littoraux ne sont pas prises en compte à l'heure actuelle.