Le virus du sida infecte 7 400 personnes par jour, dont 1 200 enfants L'Onusida a rendu public, mardi 24 novembre, son rapport annuel sur l'état de la pandémie de sida. Ce sont 33,4 millions de personnes dans le monde qui vivaient avec le virus du sida (virus de l'immunodéficience humaine, VIH) à la fin de l'année 2008. Deux millions de porteurs du virus sont décédés en 2008 tandis que 2,7 millions de nouvelles contaminations se produisaient cette même année. Ces chiffres sont identiques à ceux de l'année 2007. Les optimistes les interprèteront comme une stabilisation globale de l'épidémie. Les pessimistes y verront une incapacité à la faire régresser alors que le nombre de personnes sous traitement dans les pays en développement s'est accru. L'Onusida souligne l'ampleur de l'incidence de l'infection par le VIH : plus de 7 400 nouvelles contaminations se produisent chaque jour et sur ce total, quotidiennement 1 200 enfants sont infectés. Dans 97 % des cas, les nouvelles contaminations se produisent dans des pays à revenu faible ou intermédiaire. Sur les 6 200 infections se produisant chez les plus de 15 ans, 48 % concernent des femmes (50 % en 2007) et 40 % affectent les 15-24 ans (45 % en 2007). "Il y a davantage de personnes infectées par le VIH, car les gens vivent plus longtemps du fait des effets bénéfiques de la thérapie antirétrovirale et de la croissance démographique", relève le rapport d'Onusida, tout en soulignant que "le nombre des décès liés au sida a décliné de plus de 10 % au cours des cinq dernières années". "Les nouvelles infections à VIH ont baissé de 17 % au cours des huit dernières années", ajoute-t-il. L'AFRIQUE SUBSAHARIENNE LA PLUS TOUCHÉE. Les statistiques recueillies par l'Onusida montrent que l'Afrique subsaharienne continue d'être, et de très loin, la région du monde la plus touchée : - le nombre de personnes vivant avec le virus y est en légère progression : 22,4 millions fin 2008, contre 22 millions un an plus tôt. - le nombre des décès régresse lentement : 1,4 million de décès en 2008, contre 1,5 million en 2007. - le nombre d'enfants de moins de 15 ans séropositifs ne change pas : 1,9 million. - le nombre d'enfants de moins de 15 ans nouvellement infectés est en augmentation : 390 000 en 2008, contre 330 000 en 2007. Cet accroissement soulève la question de l'efficacité des programmes de prévention en direction de ces jeunes. Il contraste avec la diminution de l'incidence chez les moins de 15 ans en Asie du Sud et du Sud-Est : 18 000 en 2008 contre 21 000 en 2007. "Depuis 2001, date de la signature de la Déclaration d'engagement des Nations Unies sur le VIH/sida, le nombre des nouvelles infections en Afrique subsaharienne a toutefois baissé de près de 15 %, ce qui représente environ 400 000 infections de moins en 2008", souligne toutefois Onusida. Les résultats détaillés de l'essai vaccinal mené contre le VIH en Thaïlande (Le Monde du 26 septembre) ont dominé la plus grande conférence scientifique mondiale sur le vaccin contre le sida ("AIDS Vaccine 2009"), qui s'est achevée jeudi 22 octobre à Paris. Quantitativement modestes, les résultats ont une signification qualitative importante : la preuve est apportée qu'il est possible d'induire une réponse du système immunitaire protégeant - encore partiellement - contre le VIH. Pour les mille scientifiques participants, c'est enfin une bonne nouvelle. Les détails communiqués lors de la conférence de Paris montrent que l'essai a été conduit en respectant les meilleures normes scientifiques. Ils confirment cependant que les outils vaccinaux utilisés dans l'essai thaïlandais devront être remplacés par d'autres, plus performants. Baptisé RV144, l'essai a été mis sur pied par le ministère de la santé publique thaïlandais, les instituts nationaux de la santé américains, ainsi que le centre de recherche Walter Reed de l'armée américaine. Il a commencé en 2003 et a inclus plus de 16 000 hommes et femmes séronégatifs, âgés de 18 à 30 ans. Il s'agissait de prouver la validité du concept qu'une vaccination pouvait prévenir l'infection par le VIH et réduire la quantité de virus dans le sang de ceux des participants qui auraient été infectés après leur entrée dans l'essai. Sur le deuxième point, l'étude ne montre pas de bénéfice. Les volontaires recevaient de manière aléatoire soit la vaccination, soit des injections d'une substance inactive. Ils ont subi des examens sur une période de trois ans et tous ceux qui se sont trouvés infectés ont bénéficié d'une prise en charge. Deux vaccins ont été combinés : le ALVAC-HIV, à raison de quatre injections étalées sur vingt-quatre semaines pour déclencher une réponse immunitaire, et le AIDSVAX B/E, injecté à deux reprises à la 12e et à la 24e semaine de l'essai, pour renforcer cette réponse. "Nous avons obtenu un effet protecteur modeste, mais significatif", a déclaré le docteur Nelson Michael, du centre de recherche Walter Reed. Utilisé seul, l'ALVAC-HIV est capable de susciter une réponse immunitaire dans seulement 20 % des cas. Dans les mêmes conditions, l'AIDSVAX B/E donne une réponse dans 90 % des cas, mais sans effet protecteur. De longs débats ont été consacrés à la méthode d'analyse des données : prise en compte des résultats de l'ensemble des participants ayant reçu leur première injection (analyse dite "en intention de traiter ") ou analyse des seuls résultats des personnes séronégatives, conformément au protocole (méthode "en intention de traiter modifiée"). Or, sept personnes se sont révélées infectées au moment de l'entrée dans l'essai et ont donc été écartées dans cette seconde approche. Selon l'analyse "en intention de traiter modifiée", jugée "plus conforme aux conditions de vie réelles" par le docteur Michael, l'efficacité du vaccin a été de 31,2 % : 51 personnes infectées parmi les vaccinées et 74 parmi celles ayant reçu l'injection placebo. Ce taux est de 26,4 % dans l'analyse "en intention de traiter ". "L'efficacité au cours de la première année est relativement élevée, de l'ordre de 60 % au cours de la première année, avant de décroître aux environs de 30 % au bout de deux ans. Cela signifie que la vaccination a bien induit une réponse immunitaire", commente le professeur Yves Lévy (service d'immunologie clinique, hôpital Henri- Mondor, Créteil). Pour les chercheurs, l'essai RV144 constitue donc à la fois un encouragement et un point de départ. "Nous devons essayer de comprendre ce qui explique l'efficacité relative de cette combinaison de vaccins et le type de réponse immunitaire induite", commente Alan Bernstein, directeur exécutif de la Global HIV Vaccine Enterprise, qui regroupe chercheurs, financeurs et militants. S'il rappelle que nous ne sommes pas encore proches d'un vaccin efficace contre le VIH, le professeur Jean-François Delfraissy, directeur de l'Agence nationale de recherche sur le sida et les hépatites virales (ANRS), se réjouit des pistes présentées à Paris. C'est le cas notamment d'un essai conduit par l'ANRS ciblant les cellules dendritiques, chargées de présenter l'antigène au système immunitaire. "Les premiers résultats montrent qu'il est possible par ce biais d'orienter vers un certain type de réponse immunitaire", indique le professeur Delfraissy. Cette démarche de "biovaccins " visant à utiliser le système immunitaire pour moduler sa réponse suscite un intérêt croissant. Le professeur Delfraissy souhaite que l'Europe renforce ses efforts et sa coordination. De son côté, Alan Bernstein s'inquiète : "C'est au moment de découvertes et de progrès importants que les financements, à cause de la crise et à cause de décisions politiques, diminuent." source: le monde.fr