Mini-forêts : fraîcheur et biodiversité pour les villes ? Connaissez-vous les micro-forêts Miyawaki ? Destinées à favoriser la biodiversité, à végétaliser des sols dégradés et à réinstaller des forêts capables de résister au changement climatique, ces mini-forêts se multiplient en France. Les micro-forêts Miyawaki : une nouveauté ? Certaines zones urbaines et péri-urbaines, comme à Toulouse ou en région parisienne, voient naître des micro-forêts. En plein coeur de la ville ou bien en périphérie, le long des axes routiers ou sur les anciens sites industriels (là où le sol est dégradé), des associations plantent des minusculesforêts d'un nouveau genre : les forêts Miyawaki. Enfin, d'un nouveau genre, pas vraiment : Miyawaki, un biologiste japonais qui a travaillé toute sa vie sur les essences forestières et leur capacité à s'adapter au milieu et au climat, a donné son nom à son concept, celui des micro-forêts ("tiny forest" en anglais). Ce concept n'a de nouveau que son nom : ces micro-forêts sont conçues pour ressembler à ce qu'aurait dû être le peuplement végétal à un endroit donné, si l'homme n'était pas intervenu. Les forêts Miyawaki se rapprochent donc des forêts primaires, à cette différence près que c'est l'homme qui les a plantées : ce sont donc plutôt des forêts natives. L'équivalent des forêts Miyawaki existe à grande échelle dans les rares zones de France où les forêts n'ont pas été implantées par l'homme. Micro-forêts : des essences locales nombreuses, plantées serrées sur une petite surface Ces micro-forêts ont trois caractéristiques principales : • Elles sont installées sur de petites, voire très petites surfaces : quelques centaines de mètres carrés. A cette échelle, on serait tenté de parler de petit bois ! Deux raisons à cela : les surfaces à re-végétaliser sont généralement réduites et enclavées, et le de coût de plantation est important. • Elles rassemblent uniquement des essences locales, et les espèces sont très variées, beaucoup plus que dans une forêt "classique" : environ 30 espèces différentes d'arbres et arbustes, ce qui est très important. • La plantation est très dense : 3 plants par mètre carré. Cette densité de peuplement empêche les adventices de se développer et favorise une croissance rapide des jeunes arbres, qui ont tendance à s'élancer vers la lumière. Quels avantages à ces micro-forêts ? Davantage de fraîcheur en ville La plantation d'arbres a toujours un avantage en zone urbaine : celui de rafraîchir l'air en réduisant les températures de plusieurs degrés sous le couvert végétal et à proximité, grâce au phénomène d'évapotranspiration des végétaux. Dans nos villes bétonnées et surchauffées en été, en particulier avec les épisodes de canicule à répétition, un peu de fraîcheur contribue au bien-être des habitants et au maintien de la faune et de la flore. Une biodiversité végétale et animale plus riche Autre avantage : la biodiversité. D'abord, en réintroduisant des espèces végétales indigènes dans des zones où elles n'auraient jamais disparu sans l'intervention de l'homme (déboisements au Moyen-Age suivis de reboisement avec seulement 2 ou 3 essences, destruction de la flore suite à la construction d'infrastructures ou à la mise en place de zones industrielles...), on restaure la flore, mais aussi la faune : une flore variée favorise la biodiversité animale. Des sols moins pollués et plus vivants En outre, une zone plantée est une zone où le sol se restaure grâce à l'action dépolluante des plantes (qui extraient les polluants du sol et les fixent : on parle de phytorestauration) et à l'amélioration de la structure des sols compactés ou dégradés, grâce à l'action des racines et des déchets végétaux (feuilles mortes qui, en se décomposant, restaurent la couche humifère et la vie du sol). Ajoutons aussi que, avant de planter une micro-forêt Miyawaki, le sol est ameubli et enrichi afin que les jeunes arbres puissent facilement s'y installer : ceci contribue au coût élevé de l'implantation, mais permet de restaurer des sols abîmés. Des forêts durables et résistantes Plus les essences sont diverses, moins les parasites et les maladies peuvent se propager : là où une ou deux espèces prédominent (comme typiquement dans les Landes où l'essentiel des arbres sont les pins), la moindre maladie ou le moindre nouveau parasite créent une hécatombe (graphiose de l'orme, mineuse du marronnier, chalarose du frêne, chenille processionnaire du pin...). Avec des espèces variées, les ravageurs peinent davantage à gagner du terrain, d'autant qu'une biodiversité riche favorise les prédateurs naturels (lutte biologique spontanée, ce qui prévaut dans un écosystème équilibré). Enfin, ces micro-forêts composées d'essences adaptées au sol et au climat locaux sont beaucoup plus résistantes et résilientes : elles supportent mieux la sécheresse, la chaleur, les fortes gelées, et s'accommodent mieux des contraintes pédologiques. L'écosystème -soit-il urbain- est stable. Les arbres et arbustes se développent en toute autonomie : dès la 3e année, on laisse faire la nature. Pas de taille, pas de coupes, pas d'élagage, pas de nettoyage, pas d'arrosage : le développement est libre. Et si la forêt devient impénétrable : tant mieux ! Elle le sera pour l'homme, mais par pour les animaux, qui y gagneront un nouvel habitat, voire un nouveau corridor écologique.